Aéroport d’Orly visite insolite
Visite insolite de l’aéroport d’Orly au sud de Paris.
Comme cette visite se situe dans la zone PCZSAR (Parties Critiques de la Zone Sûreté à Accès Réglementé) soit la zone la plus sensible et avec le degré d’accréditation le plus élevé, les appareils photo étant interdits mais pas les smartphones (allez comprendre), les photos sont réalisées avec un smartphone, la qualité est bien moindre que d’habitude.
C’est une visite tout à fait exceptionnelle sur une partie des coulisses d’Orly. Et dans ce cadre une toute première que l’on pourrait qualifier d’historique, la possibilité d’accompagner une patrouille lors d’une inspection visuelle des pistes pour repérer tout débris ou tout anomalie sur les pistes et les taxiways.
L’accès à la zone PCZSAR commence par la dépose de nos pièces d’identité, dont des copies ont été envoyées en avance, on récupère en échange un badge vert de visiteur devant être encadré sur le site. Puis se déroule le contrôle de sécurité qui est aussi strict que pour embarquer dans un avion, les véhicules sont fouillés de fond en comble, cette étape mettra pas mal de temps à se réaliser pour le petit groupe. Directement après le contrôle nous pouvons circuler sur les voies de circulation réservées aux véhicules de services, la priorité est donnée aux avions. Nous sommes rapidement pris en charge par les patrouilleurs des pistes, ce sont les seuls véhicules avec les pompiers à pouvoir circuler sur le tarmac, les taxiways et les pistes. Ils disposent de transpondeurs et de radio aéronautique pour être localisés et guidés par la tour de contrôle. Grâce à cela ils se déplacent comme des avions, sur les taxiways au balisage jaune et peuvent accéder aux pistes au balisage blanc.
Deux fois par jour les patrouilleurs font fermer les pistes une par une et remontent en sens inverse des avions donc dans le sens du vent à la recherche d’objets sur la piste pouvant altérer l’intégrité des avions. La nuit lors de la fermeture de l’aéroport, l’inspection se concentre sur le balisage lumineux des taxiways et des pistes.
Nous allons remonter la piste 24/06 alors que la piste est utilisée en atterrissage en 06, nous partons d’Orly Sud pour passer devant Orly Ouest pour se présenter au seuil de piste 24. Nous attendons que la piste soit fermée par les contrôleurs, nous voyons les derniers avions se poser puis nous pouvons nous engager sur la piste. Nous remontons la piste à 40km/h et il nous faudra 10 min pour faire les 3650 mètres de cette piste au revêtement bitumineux bien plus lisse que les dalles en béton, un vrai billard. Une fois arrivée au seuil de piste 06, on voit que la reprise du trafic est en cours, des phares d’avions pointent déjà à l’horizon. En remontant le taxiway on assistera au premier atterrissage d’un A321 après la réouverture et on observera la voiture de l’effaroucheur utilise un large panel de solutions pour effrayer les volatiles de passage qui chercheraient à se poser aux abords des pistes, limitant ainsi le risque aviaire de collision avec un avion.
Après notre remontée de piste nous sommes conviés à la visite de la nouvelle caserne des pompiers d’Orly, elle est à présent unique pour tout l’aéroport quand il y avait deux casernes pour les deux secteurs de pistes auparavant. Nous pouvons admirer les engins monstrueux qui leur servent de camions de pompiers des Panther 8×8 de chez Rosenbauer. Ces engins sont imposants par la taille mais surtout par leur capacité. 8 roues motrices dont 4 directionnelles, 2 moteurs de 1300 chevaux, capacité d’emport de 16 800 L d’eau, 2200 L d’agent moussant et 250Kg de poudre. Pour se donner une idée de l’engin, le poids total est pratiquement équivalent à un char Leclerc avec 52 tonnes de charge maximale. L’équipe de pompiers d’Orly s’entraîne pour être capable d’intervenir en 3 minutes à tout endroit de l’aéroport pour la moitié des forces projetées et que la totalité des hommes et équipements soient présents dans la 4ème minute. Autant dire la performance est impressionnante, de l’aveu du pompier qui nous aura reçu le plus long reste l’habillage des équipes et la course jusqu’aux véhicules. Dernière particularité des véhicules, ils sont constamment branchés sur le secteur, cela permet de maintenir les moteurs chauds pour être pleinement opérationnels dès le démarrage, cela permet aussi de maintenir la pression dans les circuits hydrauliques. Il suffit alors de débrancher le camion pour que les deux moteurs se mettent en route, que les portes du véhicule et du bâtiment s’ouvrent, il suffit de monter et de rouler pour partir en intervention. Ces monstres sont des bijoux de technologies et le prix s’en ressent ils valent 1,2 M€ pièce.
Enfin nous terminons notre balade par la visite du pavillon de réception des personnalités d’Orly (chef d’état, ministres, diplomates, …), le même existe à Roissy Charles de Gaulle. On nous y présente les protocoles mis en place pour l’arrivée des personnalités, le registre des drapeaux et hymnes nationaux, le petit salon privé d’attente. Nous bénéficions d’anecdotes notamment sur l’engorgement de rotation lors du défilé de janvier 2015 à Paris pour la marche pour Charlie Hebdo, il a fallu gérer les rotations afin que les chefs d’état qui ne sont pas en bonnes relations diplomatiques ne se croisent pas. On apprendra aussi que certains pays africains ont des coutumes assez originales où l’ambassade du pays en France convoque les ressortissants du pays et les envoient en cars à l’aéroport pour que le dignitaire soir reçu avec entre plusieurs centaines et quelques milliers de personnes qui l’applaudissent à son arrivée.